Michel Cloup Duo (2010-2020)

Pendant l’année 2010 j’ai commencé à écrire des chansons seul, avec ma nouvelle guitare baritone, en me disant qu’il était temps d’essayer autre chose, de commencer à m’assumer sous mon nom. J’étais à ce moment-là lassé par les expériences de groupe et j’avais envie de retrouver une certaine liberté. Le contenu des textes qui arrivaient était aussi très personnel, ce qui allait dans le même sens.

J’ai été invité à jouer en remplacement d’un artiste par le centre d’art Toulousain « Lieu Commun ». Paradoxalement, j’ai quand même appelé mon vieux complice batteur Patrice Cartier. Nous avons mis sur pied un set avec ces nouvelles chansons en quelques jours, qui étaient en fait les bases de « Notre Silence », le premier album en duo.

Le format duo guitare-batterie m’a ouvert un horizon différent musicalement et artistiquement, beaucoup plus de liberté et une sensibilité d’écoute bien plus importante que mes expériences de groupe passées, une communication plus importante entre moi et mon complice batteur. J’avais aussi envie de retrouver un son épuré, une guitare, une voix, une batterie et des chansons, point, pas de superflu.

Je repartais de zéro, sous mon nom mais en duo, une sorte de projet bâtard entre le projet solo et le mini-groupe.  Pendant l’année 2010, j’ai booké moi-même une vingtaine de concerts en France, Belgique et Espagne et nous avons rodé les chansons sur scène avant de les enregistrer début 2011. Je n’avais pas de label, je n’avais ni le temps, ni l’énergie, ni l’envie d’en chercher un. J’ai donc autoproduit ce disque. « Notre silence » est sorti mi-2011, il a été très bien accueilli par la presse et le public et nous avons commencé à jouer intensément grâce au coup de fil de Benoit Gaucher, qui était intéressé par le projet et qui est devenu notre agent de tournée via la structure Rennaise La Station Service.

« Notre Silence » est un album écrit après le décès de ma mère et construit autour de l’absence. C’est un album très personnel autour d’une expérience malheureusement universelle. L’idée était de parler en utilisant le « je » pour aller vers le « nous ». Les chansons sont plutôt longues car j’avais envie de prendre mon temps pour les mener le plus loin possible.

En 2012, j’ai été invité en résidence à La Villa Medicis de Rome, nous sommes partis avec Patrice. À ce moment-là, j’ai commencé à écrire la suite, l’album « Minuit dans tes bras » qui est sorti en janvier 2014, après une petite pause de quelques mois sans concerts. J’étais en contact avec le label Ici, d’Ailleurs… pour la distribution de « Notre Silence », je leur ai naturellement proposé de sortir l’album en licence, ça a été le début de notre collaboration.

« Minuit dans tes bras » prend le contrepied du premier album, j’avais envie de parler d’amour et de ce moment de ma vie où je me suis reconstruit grâce à l’amour et de tout ce que j’ai traversé, de positif et de négatif, pour y parvenir. Il en prend le contrepied car il est construit autour d’une personne bien vivante. Musicalement, il explore d’autres aspects du duo, avec un retour vers le Rock, et il a été plus composé à deux que le précédent.

Pour la sortie de « Minuit dans tes bras » nous avons été invités en résidence à La Carène (Brest), où nous avons préparé 3 soirées spéciales « Nous vieillirons ensemble » avec plusieurs invités qui se joints à nous sur scène : Françoise Lebrun, qui est venue interpréter quelques titres et qui participait aussi à l’album, Pascal Bouaziz (Mendelson), vieux complice et ami et Béatrice Utrilla, qui s’occupait de l’aspect visuel de ces soirées. En plus de La Carène, cette soirée spéciale est allée à Paris (Gaîté Lyrique) ainsi qu’à Toulouse (Théâtre Garonne). Un album live issu de la soirée Parisienne est sorti en Juin 2015 toujours chez Ici, d’ailleurs

En Septembre 2015, Patrice Cartier a quitté le projet pour naviguer vers d’autres horizons.

J’ai croisé Julien Rufié, alors voisin de local de répétition et lui ai proposé de venir jouer de la batterie, pour essayer, voir si ça pouvait fonctionner. L’alchimie a été immédiate. Six mois plus tard le nouvel album du nouveau MC Duo était écrit et enregistré, toujours au Studio de la Trappe, à Toulouse, comme les deux albums précédents du duo. « Ici et là-bas » est sorti en avril 2016 chez Ici, d’ailleurs…

L’arrivée de Julien a apporté un son plus sec et nerveux au duo, les tempos se sont un peu accélérés. J’avais envie d’un album moins monolithique que les précédents, il part dans diverses directions musicales, une sorte de compilation de ce que j’aime, à savoir : du rock, de la chanson, des moments plus groovy, et des titres plus spoken-word et/ou expérimentaux.

Quand j’ai commencé à écrire les textes de « Ici et là-bas », j’avais envie d’un album qui mêlerait l’intime, l’humain et le politique. Grâce à Stéphane Arcas, mon ami metteur en scène avec lequel je travaille parfois, j’ai lu « Retour à Reims » de Didier Éribon car il voulait l’adapter au théâtre (et me faire travailler sur la musique de la pièce). J’ai été bouleversé par ce livre, je me suis aussi précipité sur les livres d’Annie Ernaux (qui est souvent citée par Éribon). En 2015, nous étions en pleine vague d’attentats mais aussi de migrations avec un contexte politique et idéologique confus et nauséabond. J’ai eu envie de décrire ce moment mais aussi de revenir sur mon histoire familiale. Lors de mon séjour à Rome, j’avais pris en pleine face les origines italiennes de ma mère que j’avais jusque-là négligées. Des souvenirs de récits d’enfance sur son arrivée en France me sont revenus, ainsi que tout un tas d’autres souvenirs autour de mes parents. Ça faisait sens pour moi, dans ce contexte-là, de mêler tout ça.

Nous avons beaucoup joué avec Julien après la sortie de l’album. Nous sommes en pause de concerts depuis mi-2017, avec l’idée d’en écrire un autre, de l’enregistrer et de repartir sur la route.

Discographie ici.