Diabologum : Le feuilleton.

Afin de célébrer la sortie du très attendu Diabologum “La jeunesse est un art” ce 20 juin prochain, nous avons décidé de vous faire patienter en vous racontant l’histoire de ce groupe unique. 
Ainsi tous les jours à midi, du 03 juin jusqu’au jour de sa sortie en magasin le 20 juin, vous pourrez découvrir un épisode sur notre page Facebook/Instagram. Interview, chroniques, vidéos inédites, etc. Michel Cloup et ses comparses vous dévoileront la genèse d’un groupe qui aura marqué toute une génération. 

Épisode 1 : Michel.

J’ai retrouvé cette cassette des débuts d’Infra, l’émission sur radio FMR qui a débuté à la fin de l’année 1990. Je n’ai pas osé la réécouter, j’ai un peu peur. Parfois il vaut mieux rester sur des bons souvenirs.
C’était avant que l’on commence à enregistrer sur le 4 pistes ce qui allait devenir le premier album. Nous étions probablement déjà chez Pierre et Anne en train de probablement boire des litres de café. Je dis bien : probablement. Leur appartement était le lieu de rassemblement de cette bande de copains, et c’est devenu plus tard le studio d’enregistrement de ce premier album.
Nous cherchions un concept pour cette émission de radio.
Comment dépasser le « Moins que zéro » de Bret Easton Ellis ? Fuck les années 80. Nous sommes en 1990. Etc. (Ce genre de discussion pouvait durer la journée ou la nuit, ou même nous faire la semaine, nous avions un emploi du temps plutôt souple.)
Comment donc dépasser le « Moins que zéro » de Bret Easton Ellis ?
Arnaud a dit: le moins un !
C’était probablement un lundi après-midi semblable aux autres, ou un mardi.

Épisode 2 : Anne

Diabologum épisode 2 : Anne.

Avant Diabologum, il y avait INFRA. INFRA , sur Radio FMR, 89.1 Mhz. La radio ça comptait beaucoup, d’ailleurs c’est dans une émission de radio qu’on a rencontré Michel. En général, je n’allais pas à FMR , au studio ; je participais indirectement, simplement en assistant, à la table de la cuisine, aux séances de préparation ; je faisais et je refaisais du café. Et j’écoutais l’émission le jeudi soir à la radio, pour entendre le résultat. Assez bordélique la plupart du temps, plutôt inaudible en fait, mais bon, nous en tous cas ça nous faisait bien rire ! Heureusement que toutes les idées n’ont pas vu le jour, certaines étaient d’ailleurs totalement irréalisables, ça pouvait aller très loin dans le n’importe quoi, en théorie tout était possible et on ne se refusait rien. En comparaison, le premier Diabologum est plutôt sobre!…il y avait cette idée de morceaux qui s’appelleraient des « cauchemars », cauchemar n° 1, n°2, … ça portait bien son nom. Certains morceaux du premier album viennent de là. En tous cas il y avait cet espace de liberté totale, on ne se sentait tenus par rien d’autre que nous-mêmes , c’est-à-dire par pas grand chose finalement. On fabriquait des petits objets sonores, on les mettait dans des bouteilles vides, et puis on envoyait ces bouteilles à la mer. On n’avait pas la moindre idée des auditeurs que ça pouvait atteindre et cela nous préoccupait assez peu.

Épisode 3 : Pierre

Pour la pochette du maxi « Les garçons ont toujours raison », Sylvia (qui réalisait nos pochettes) a eu l’idée de nous proposer de lui envoyer des photomatons. Chacun est donc parti de son côté se mettre en scène dans les cabines, sans savoir ce à quoi les autres avaient bien pu penser.  Je me souviens même être parti à la gare où se trouvait le photomaton le plus proche, en pyjama, pour prendre ma tête au réveil (c’est peut-être pas plus mal que cette photo n’ait pas été gardée)… Rétrospectivement, je trouve que cette idée de visuel correspond assez bien à notre façon d’enregistrer : davantage une juxtaposition de choses inattendues, insolites, qu’un projet toujours maîtrisé en amont. On ne répétait pas pour le premier disque et le processus d’enregistrement tenait lieu de moment de composition. Un peu comme un cadavre exquis. Faut pas s’étonner du résultat!

Épisode 4 : Elein Fleiss

A cette époque, nous écoutions Diabologum en boucle, lorsque le Centre Pompidou nous a proposé de présenter notre revue, Purple Prose, dans le grand amphithéâtre. Nous avons d’abord hésité, réticents à l’idée de mettre des mots sur ce que nous publiions, puis nous avons accepté, tout en étant résolus à ne pas faire de conférence. Mes souvenirs sont vagues, nous avons d’abord allumé des bâtons d’encens, puis la sono a envoyé Heaven Boulevard à fond. Je me souviens que le son était de très bonne qualité, fort, et qu’il a rempli la salle où étaient assis les nombreuses personnes venus nous écouter, Olivier et moi, le couple de rédacteurs-en-chef derrière ce nouveau magazine d’art qui ne ressemblait à aucun autre. Après la musique nous avons lu un texte à deux voix, ensuite le public nous a posé des questions. La rédactrice-en-chef d’Art Press était là, particulièrement remontée contre nous.

Épisode 5 : Tuto Infriste

C’est dimanche, c’est détente-apprenante. Voici un tuto infriste, forcément médiocre et incomplet. « Crée toi-même un morceau infriste ». Il est incomplet car il manque 3 platines cd supplémentaires en plus des deux platines vinyle.

Épisode 6 : Anne

C’est une relique. Sylvia avait fabriqué un prototype de TShirt, avec les personnages de Zelda et Flesh, qu’elle a inventés pour le premier album. Plutôt artisanal ; du pur DIY. Je l’ai porté et lavé, …une seule fois. Le transfert n’a pas trop aimé l’eau !

Épisode 7 : Pierre

Épisode 8 : Dominique A.

C’était une époque où, comme aujourd’hui, on faisait un disque avec rien. Enfin, rien… En l’absence de smartphone, on faisait avec des 4 pistes cassette, voire des 8 pistes à bande, comme cette fois où pour les besoins de la cause du premier Diabologum, nous avions transporté ma plantureuse console, un meuble, jusque sous les combles de l’appartement où vivait Vincent Chauvier, boss de Lithium: tout ça pour enregistrer deux titres – tous les autres l’avaient été par le groupe dans leurs chambres d’étudiants. J’avais été intronisé ingénieur du son (sic). Les Diabolo m’avaient notamment fait chanter sur un titre,”Le discours de la méthode” où, dans le rôle du séducteur (re sic), j’expliquais comment “tenir le bec dans l’eau” aux jeunes filles ; ce qui prouve à quel point, sous nos dehors indie pop, nous étions d’épouvantables machos. Nous avons bien ri. Et ce premier album, qui ne préfigurait que de loin la torgnole de “3”, était frais, emprunt d’un foutraquisme du meilleur aloi. La scène française, jusqu’alors engoncée dans ses vieux costards wock’n woll, se déridait : on respirait.

Épisode 9 : Anne et Michel.

Anne : Ecotay. Entre Lyon et Issoire ; non loin de saint Etienne. Terre inconnue, terre lointaine. On est en novembre, il fait assez froid, c’est la campagne, la route paraît interminable, on s’est paumés, mais on finit par rejoindre la salle des fêtes d’Ecotay, une lumière dans la nuit. 

Michel : On s’est paumés car sur les fax (illisibles) reçus le matin, Charles, notre tourneur-régisseur, tout aussi amateur et novice que nous, nous envoie à Montbrison sur Lez au lieu de Montbrison, à 250 km au sud. J’ai un grand souvenir de l’arrivée à la vraie destination, il est 21h pétantes, nous entrons dans la ville, j’allume la radio du van pour écouter Bernard Lenoir, il annonce : « Ce soir, Diabologum en concert à la salle des fêtes d’Écotay » et enchaine sur « L’art est dans la rue ». Surréaliste. 

Anne : Pendant le concert, soudain, plus de son, plus de lumière. Coupure d’électricité. La baraque à frites, dehors, s’était branchée sur l’alimentation de la salle et avait tout fait disjoncter! Il a fallu parlementer dur, le gars ne voulait rien savoir, il s’accrochait à ses frites, il faut dire qu’il faisait froid, il devait vendre pas mal de frites. Après un moment de désarroi on a continué en acoustique, au bord de la scène, en totale impro, en enchaînant des reprises, le temps que le courant revienne. Une mémorable soirée, à Ecotay.

Michel : Je ne sais plus si l’électricité est finalement revenue.